En vin toute vérité est enclose, (Rabelais) nos conférences sont les vins de vos esprits, elles vous transporteront...aux rencontres des imaginaires. Contactez nous...

 

Notre temps a repris conscience de l'importance des images symboliques dans la vie mentale ou sociale. Les conduites humaines, les cadres sociaux (dont l'architecture, l'habitat, l'urbanisme, la fête, les moyens de communication culturelle, les instances du développement) sont organisées en fonction d'un imaginaire qui ne cesse de les habiter et dont l'analyse doit provoquer l'émergence.

Plusieurs courants herméneutiques s'y attachent parmi lesquels comptent notamment les réflexions développées par Gaston Bachelard et Gilbert Durand, celui-ci s'étayant souvent sur celui-là.

Gaston Bachelard a proposé une importante réflexion sur la constitution et la mobilité des images et esquissé les prémisses d'une véritable psychologie de l'imagination, perception d'images formées et fixées dans la conscience humaine, forces imaginantes qui creusent le fond de l'être, qui veulent trouver dans l'être à la fois le primitif et l'éternel, qui dominent la saison et l'histoire, et mobilité d'images trouvant leur essor devant la nouveauté, animent l'imagination créatrice.

Gilbert Durand, faisant la synthèse, en les reprenant, des propositions de Bachelard qu'il confronte aux apports de la psychanalyse, du structuralisme et de philosophes comme Kant ou Cassirer[1], ouvre les voies d'une réflexion sur l'Imaginaire qu'il présente comme un dynamisme équilibrant entre plusieurs réseaux de forces antagonistes: les régimes diurne et nocturne des images et les dominantes physiologiques qui déterminent les schèmes de nos fonctionnements mentaux et sociaux entre les gestes de l'érection, de l'avalage et l'obsession profonde et universelle du rythme. Il isole sur cette base " les structures anthropologiques de l'Imaginaire[2] "qu'il organise en trois grandes classes: héroïques, dramatiques et mystiques. C'est à lui que nous devons la notion de " trajet: anthropologique " les forces de l'imaginaire dans leur confrontation à la réalité sociale, pour accéder au statut de symbole, devant faire la part de ce qui ressort des intimations du milieu et de ce qui relève des pulsions bio-psycho-affectives.

C'est aussi souligner l'importance du mythe come formation culturelle interprétant la vie sociale.

De fait, entre l'imaginaire social décrit par Cornélius Castoriadis comme réservoir de significations qui se proposent à l'émergence de la vie sociale et les contraintes rationnelles-réelles de l'organisation, le mythique relève du symbolique, dont il est " une succession organisée en récit "(G. Durand). D'un point de vue épistémologique, il nous oblige à reconsidérer nos catégories car il constitue, comme objet d'études, ce que Jean-Marie Brohm et Louis-Vincent Thomas ont appelé une transversalité laquelle est " interrogation permanente et questionnement infini ", soit, " le refus des cloisonnements des disciplines, des champs, des objets, des méthodes, l'attention accordée aux totalités mouvantes (Garfinkel), aux praxis-processus (Sartre), aux mondes cachés (Bachelard), la compréhension de l'unité signifiante de tout fait social qui est prioritairement une donnée existentielle avec ses finalités, ses enjeux anthropologiques, ses conflits[3]. "

Magama producteur de significations imaginaires sociales, il se situe à la fois du côté de la " réserve d'images " et de l'opérationnalité de l'imaginaire en actes, il tient à la fois au radical et au social pour reprendre la distinction de Cornélius Castoriadis, c'est un "récit chaud" comme le souligne Guy Ménard[4], qui attire notre attention sur le fait qu'on "ne joue pas impunément, n'importe comment avec les mythes des gens", que les mythes sont vivants, qu'ils peuvent mourir, être tués.

Dans " La méthode: la Connaissance de la Connaissance ", Edgar Morin a mis également l'accent sur la présence occulte du mythe au coeur du monde contemporain et ce malgré l'opposition soigneusement entretenue entre les pensées rationnelle et mythique, entre science et religion. Parmi les fonctions du symbole, dans lequel il voit en particulier la concentration d'un coagulum de sens, soit " une constellation de significations et de représentations liées symboliquement par contiguïté, analogie, imbrication ", il développe celle qui concerne la communauté [5], réflexion qui sera reprise et amplifiée par Michel Maffesoli et Patrick Tacussel dans la plupart de leurs ouvrages.

Notre communication a pour objet, sur ces bases théoriques, de resituer, comme socio anthropologie, l'anthropologie de l'Imaginaire dans ses deux courants principaux herméneutiques (école durandienne) et historique critique (école castoriadienne). Nous interrogerons de ce fait les relations Orient/Occident comme lieu de convergence et d'application d'une socio anthropologie symbolique.


[1]Durand Gilbert, L'Imagination Symbolique, Paris, PUF, 1968.

[2]Durand Gilbert Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Paris, Dunod, 1985, 10ème édition.

[3]Brohm J.M. in Pretentaine, Université Montpellier III, Mai 1996, p.16.

[4]Ménard Guy, Le sacré et le profane, d'hier à demain, in Figures contemporaines du sacré: religion et culture au Québec, sous la direction de Y. Desrosiers, Montréal, Fides, 1986, p.3.

[5]Morin Edgar, La Méthode-3, La Connaissance de la Connaissance-1, Paris, Le Seuil, 1986, p.155 sq.

Georges Bertin,

docteur HDR en sciences sociales,

conférencier, essayiste.

Conférences publiques possibles.

La sorcellerie dans le bocage.

Sorcières et chamanes, le corps de al sorcière.

La Légende arthurienne, racines et diffusion.

La quête du Graal, des celtes aux avatars modernes.

Les druides, mythes et réalités, des origines à nos jours.

Les figures de la sorcière à travers les âges.

Les Apparitions, mythes, mystique et mystifications.

Carnaval ou le temps à l'envers.

Les sociétés ésotériques modernes contemporaines.

Le scoutisme, un mouvement pédagogique initiatique ?

Le Nouvel Age (New a Age), histoire et actualité.

Fêtes et spectacles urbains à la fin du Moyen .

 


 

Mythe et science.

La pensée scientifique est d'abord d'origine religieuse, elle est le fait et le domaine réservé des pontifes, des druides, des mages lesquels, dés le néolithique possèdent les moyens de calculer le mouvement des planètes et des étoiles et leurs relations .

Les druides étaient ainsi d'abord des astronomes et le calcul scientifique n'avait pour but que de leur permettre de prévoir la descente du dieu sur terre, à la place attendue et délimitée par les computs, voire fixée sur le sol par les cercles de pierre, comme le furent, plus tard les modillons de nos églises romanes, l'orientation des temples du bassin méditerranéen[1].

L'imaginaire scientifique est ainsi porté par les mythes, lesquels nous racontent l'origine des choses, du temps où le temps n'était pas encore le temps...

Deux figures mythologiques sont porteuses chez les grecs de l'imaginaire scientifique entrant en résonance avec le système social de l'époque : Dédale et Prométhée, nous y reconnaissons les figures de l'ingénieur et du savant.

Dédale est le génial architecte et inventeur athénien qui réalisa le Labyrinthe du roi Minos de Crète. Il est aussi le père d'Icare victime d'une chute mortelle pour avoir volé trop près du soleil avec la machine inventée par son père. Le mythe grec du premier artiste ingénieur mobilise ici un symbolisme universel en construisant la scène masculine des origines de la culture quand la chute du fils illustre le statut tragique de la transmission.

Pourtant quand Dédale transmet à son fils le pouvoir de transgresser les lois édictées par les hommes et de s'affranchir de des contraintes imposées par la nature, il prend soin de lui faire deux recommandations, ne pas s'approcher trop du soleil qui ferait fondre la cire qui tient ses ailes et ne pas s'approcher trop de la mer dont l'eau alourdirait ses ailes. Enivré de son pouvoir, Icare oublie ses avertissements et périt.

Le mythe nous fait part dés ce moment de deux impératifs qui pèseront sur l'imaginaire de l'ingénieur : transmettre fidélement les acquis et conserver la bonne distance.

Prométhée, l'indomptable Titan, en mélangeant l'argile et l'eau, moula la forme du premier homme, laquelle ressemblait aux dieux, c'est Pallas Athénée qui lui donna la vie. C'est encore Prométhée qui apprit aux hommes à lire, écrire compter, élever des maisons, construire des bateaux, arracher ses trésors cachés à la terre, et comprendre la nature. Il est devenu la poétique et héroïque personnification de l'invention du feu qu'il dérobe au ciel et communique aux hommes. Il encourut la colère de Zeus qui lui reprochait d'avoir appris aux hommes à penser et à travailler mais pas à vénérer les dieux. Prométhée, en punition, fut enchaÎné sur le Caucase suspendu entre ciel et terre tandis qu'un vautour lui dévorait chaque jour le foie. Il devait être délivré par Héraclés.

Comme le savant qu'il incarne, Prométhée est immortel, il sait que le pouvoir tyrannique de Zeus prendra fin car il assume sa supériorité intellectuelle. A la domination des dieux, il oppose le savoir des hommes. En ravissant un tison du foyer de l'Olympe, il n'a pas seulement volé un simple charbon incandescent, il a attenté aux droits des Dieux[2].

La figure de la transgression en restera attachée durablement à celle du savant, le mythe inaugurant ainsi le débat jamais achevé d'Abélard à Foucault entre les mots délivrés par les clercs, ceux qui savent car « éclairés » d'en haut, et les choses qui se construisent dans le quotidien de nos vies.

Ceci manifeste la présence occulte du mythe dans notre monde contemporain : parce qu'exerçant une domination sur la rationalité de nos systèmes sociaux, il plonge au plus profond de l'évolution humaine. Il est aussi rationalisation, ou raison sensible.

Oscillant entre science et légende, ils contribuent à nous situer dans l'univers en nous plaçant sous la conduite de figures exemplaires qui donnent à l'histoire une orientation et dans le même temps, explorent la faille de la réalité humaine. Ils assument une quadruple fonction, comme le faisait remarquer Gilbert Durand : épistémique, transdisciplinaire, phénoménologique, herméneutique.

Une opposition instituée.

Pourtant l'opposition entre mythe et recherche scientifique est depuis des siècles consacrée : au savant la connaissance du réel, au poète celle des productions mythiques.

Alors que la pensée savante vise à étudier le réel à travers l'usage de l'a-priori (vérification expérimentale des hypothèses et découverte de l'universalité des lois scientifiques), par la prise en compte prioritaire du signe (réduction à l'unité), le mythe est un système de rationalisation a-posteriori qui utilise la pensée compréhensive, pour reprendre la distinction classique de Dilthey (expliquer et comprendre). Il rend compte ainsi de l'imaginaire social, des refoulés de la vie des hommes, débouche par la méthode comparative sur la conscience de la complexité de la vie des hommes.

Se pose, à ce sujet, la question de l'observation et de la crise des sciences de l'homme et du déploiement de son savoir. Trop de rigueur peut en effet éloigner du réel, car l'objet scientifique ne cesse de se dérober, la vérité étant relative, tributaire de la situation, la garantie d'objectivité, qui marquait depuis des lustres, un imaginaire scientifique fondé sur la distance étant une position dénoncée par exemple par Claude Levi Strauss : « l'homme ne se contente plus de connaître, il se voit lui-même connaissant et l'objet véritable de sa recherche devient, un peu plus chaque jour, ce couple indissociable formé par une humanité qui transforme le monde et qui se transforme elle-même au cours de ses opérations [3]».

La découverte de la « pensée sauvage » a en effet mis à mal une universalité progressiste et rationaliste démentie par les terreurs de l'histoire (Durand[4]).

La résurgence moderne des images, le succès des univers mythiques proposés par des savants ou des écrivains (Jules Verne), montre à quel point le mythe est solidaire de nos existences. La Science Fiction traite ainsi de thèmes essentiels pour la modernité : mémoire, identité, temps et espace et nous propose des topos imaginaires dans une narration capable d'identifier les liens entre tradition et modernité, les relations entre la mémoire collective et les structures de la vie quotidienne, car elle est entée sur des moments charnières qui évoquent bien les changements de paradigmes (ex : le moment du débarquement sur la lune). Ceci se trouve moins chez Verne, influencé par les perspectives liées à l'horizon d'attente de son époque.

Aujourd'hui, en effet, s'affirme une vision du monde nouvelle fondée sur une féconde turbulence touchant aussi bien à la création qu'aux théories scientifiques qui remettent en cause nos paradigmes.

Vers un nouveau paradigme.

Si, depuis Descartes, la séparation était instituée entre les savoirs rationnel et imaginaire, entre une science rationaliste portée par une espérance messianique et le désespoir visionnaire des poètes, il semblerait bien que de nos jours nous assistions à des retrouvailles entre les perspectives de l'imaginaire et l'univers scientifique[5].

Le colloque de Cordoue, « Science et conscience », en 1979, réunit anthropologues, philosophes, et scientifiques de pointe et jetait déjà les bases de cette découverte d'une « raison nouvelle » où convergent les imaginaires scientifiques et les travaux des anthropologues sur l'imaginaire social.

Ainsi se trouvent réunis le tertium datum des philosophes pré thomistes et l'interrelation quantique de l'univers comme relation fondamentale, les structures anthropologiques de l'Imaginaire de Durand, l'imaginal de Corbin ou l'inconscient collectif de Jung et les themata de Gérard Holton, le continuum d'Einstein etc.. Nous avons nous-même montré comment les travaux d'un Wilhelm Reich[6] sur l'orgone, l'universelle énergie, étaient analogiquement proches et de ceux des alchimistes de la Renaissance et des travaux sur les trous noirs et pulsars des astrophysiciens. Les chréodes de Waddington et René Thom, les champs morphogénétiques de Sheldrake, procèdent comme formes causatives de la même épistémologie que le formisme de Michel Maffesoli ou des bassins sémantiques de Braudel.

Voici donc que reviennent converger avec les notions de non séparabilité des nouveaux mathématiciens étudiant l'objet quantique, les perspectives des identités à la fois localisables et significatives, rejoignant ici la non séparabilité du symbole assumant dans le trajet anthropologique les pôles du signifiant et du signifié.

Nous sommes en présence de deux processus de savoirs interchangeables venant réciproquement de la raison post einstenienne et de la symbolologie, « quand l'inventaire des laboratoires les plus sophistiqués utilise la même thématisation que celle des ressources de l'esprit imageant » (Durand).

Ces savoirs globaux qui émergent de sciences dures sont en effet proches des figurations holistiques de l'Hermétisme ;

Gilbert Durand a ainsi salué l'audace des physiciens : « esprits de grand large, intuitifs, observateurs, aventureux ».

Après la domination du logos, ne voit-on pas émerger, y compris au cœur de la science, le retour du principe d'éros quand dans les interactions perpétuelles engendrées par la multiplication des communications de la galaxie internet, s'échangent rôles et identités, dans un glissement perpétuel, quand aux stabilités repérées par une science non moins fixe, succèdent l'impermanence des choses, le dynamisme du devenir, la prévalence des situations...

Cela marque à coup sûr la fin d'une époque et la figure d'un savant enfermé dans les certitudes de sa toute puissance dans la domination de la matière n'est-elle pas finalement devenue plus imaginaire que les réalités que nous vivons quotidiennement et qui sont celles du magma et du bouillonnement entre enracinement spécifique et reliance cosmique.

GB


[1] Bertin G. et Verdier P . Les druides, maîtres du temps, Paris, Dervy, 2003.

[2] Lafargue Paul, Le déterminisme économique de Karl Marx, 1909.

[3] Levi-Straus, Claude, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958.

[4] Durand Gilbert, Science de l'homme et Tradition, Berg, 1978.

[5] Citons pêle-mêle : L'imagination scientifique de Gérard Holton (Harvard), L'imagination et l'ordre impliqué de David Bohm (Londres), La physique moderne et les pouvoirs de l'esprit de Olivier Costa de Beauregard, A la recherche du réel de Bertrand d'Espagnat, Le mystérieux univers de James Jeans, Physique, temps et devenir d'Ilya Prigogine (prix Nobel), Le tao de la physique de Pritjof Capra (Berkeley), Le Veda d'un physicien de Ernst Schrodinger, La connaisance comme construction symbolique de l'homme de Hermann Weyl, (Princeton)...

[6] Bertin Georges, Un imaginaire de la pulsation, lecture de Wilhelm Reich, Presses de l'Université Laval, Québec, 2004.

<

/p>

 

.

 

Notre temps a repris conscience de l'importance des images symboliques dans la vie mentale ou sociale. Les conduites humaines, les cadres sociaux (dont l'architecture, l'habitat, l'urbanisme, la fête, les moyens de communication culturelle, les instances du développement) sont organisées en fonction d'un imaginaire qui ne cesse de les habiter et dont l'analyse doit provoquer l'émergence.

Plusieurs courants herméneutiques s'y attachent parmi lesquels comptent notamment les réflexions développées par Gaston Bachelard et Gilbert Durand, celui-ci s'étayant souvent sur celui-là.

Gaston Bachelard a proposé une importante réflexion sur la constitution et la mobilité des images et esquissé les prémisses d'une véritable psychologie de l'imagination, perception d'images formées et fixées dans la conscience humaine, forces imaginantes qui creusent le fond de l'être, qui veulent trouver dans l'être à la fois le primitif et l'éternel, qui dominent la saison et l'histoire, et mobilité d'images trouvant leur essor devant la nouveauté, animent l'imagination créatrice.

Gilbert Durand, faisant la synthèse, en les reprenant, des propositions de Bachelard qu'il confronte aux apports de la psychanalyse, du structuralisme et de philosophes comme Kant ou Cassirer[1], ouvre les voies d'une réflexion sur l'Imaginaire qu'il présente comme un dynamisme équilibrant entre plusieurs réseaux de forces antagonistes: les régimes diurne et nocturne des images et les dominantes physiologiques qui déterminent les schèmes de nos fonctionnements mentaux et sociaux entre les gestes de l'érection, de l'avalage et l'obsession profonde et universelle du rythme. Il isole sur cette base " les structures anthropologiques de l'Imaginaire[2] "qu'il organise en trois grandes classes: héroïques, dramatiques et mystiques. C'est à lui que nous devons la notion de " trajet: anthropologique " les forces de l'imaginaire dans leur confrontation à la réalité sociale, pour accéder au statut de symbole, devant faire la part de ce qui ressort des intimations du milieu et de ce qui relève des pulsions bio-psycho-affectives.

C'est aussi souligner l'importance du mythe come formation culturelle interprétant la vie sociale.

De fait, entre l'imaginaire social décrit par Cornélius Castoriadis comme réservoir de significations qui se proposent à l'émergence de la vie sociale et les contraintes rationnelles-réelles de l'organisation, le mythique relève du symbolique, dont il est " une succession organisée en récit "(G. Durand). D'un point de vue épistémologique, il nous oblige à reconsidérer nos catégories car il constitue, comme objet d'études, ce que Jean-Marie Brohm et Louis-Vincent Thomas ont appelé une transversalité laquelle est " interrogation permanente et questionnement infini ", soit, " le refus des cloisonnements des disciplines, des champs, des objets, des méthodes, l'attention accordée aux totalités mouvantes (Garfinkel), aux praxis-processus (Sartre), aux mondes cachés (Bachelard), la compréhension de l'unité signifiante de tout fait social qui est prioritairement une donnée existentielle avec ses finalités, ses enjeux anthropologiques, ses conflits[3]. "

Magama producteur de significations imaginaires sociales, il se situe à la fois du côté de la " réserve d'images " et de l'opérationnalité de l'imaginaire en actes, il tient à la fois au radical et au social pour reprendre la distinction de Cornélius Castoriadis, c'est un "récit chaud" comme le souligne Guy Ménard[4], qui attire notre attention sur le fait qu'on "ne joue pas impunément, n'importe comment avec les mythes des gens", que les mythes sont vivants, qu'ils peuvent mourir, être tués.

Dans " La méthode: la Connaissance de la Connaissance ", Edgar Morin a mis également l'accent sur la présence occulte du mythe au coeur du monde contemporain et ce malgré l'opposition soigneusement entretenue entre les pensées rationnelle et mythique, entre science et religion. Parmi les fonctions du symbole, dans lequel il voit en particulier la concentration d'un coagulum de sens, soit " une constellation de significations et de représentations liées symboliquement par contiguïté, analogie, imbrication ", il développe celle qui concerne la communauté [5], réflexion qui sera reprise et amplifiée par Michel Maffesoli et Patrick Tacussel dans la plupart de leurs ouvrages.

Notre cercle a pour objet, sur ces bases théoriques, de resituer, comme socio anthropologie, l'anthropologie de l'Imaginaire dans ses deux courants principaux herméneutiques (école durandienne) et historique critique (école castoriadienne). Nous interrogerons de ce fait les relations Orient/Occident comme lieu de convergence et d'application d'une socio anthropologie symbolique.

Nosu observons dans les sociétés occidentales les mutations conteporaines des références mythiques d'une ère à l'autre et ce dans les insititutions, les organisations et les groupes sociaux.


[1]Durand Gilbert, L'Imagination Symbolique, Paris, PUF, 1968.

[2]Durand Gilbert Les Structures Anthropologiques de l'Imaginaire, Paris, Dunod, 1985, 10ème édition.

[3]Brohm J.M. in Pretentaine, Université Montpellier III, Mai 1996, p.16.

[4]Ménard Guy, Le sacré et le profane, d'hier à demain, in Figures contemporaines du sacré: religion et culture au Québec, sous la direction de Y. Desrosiers, Montréal, Fides, 1986, p.3.

[5]Morin Edgar, La Méthode-3, La Connaissance de la Connaissance-1, Paris, Le Seuil, 1986, p.155 sq.

<

/p>

 


Cena Etudes, Cercle d'études nouvelles d'anthropologie 31 rue Proust. 49100 Angers 06 47 51 11 74
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer