L'imaginaire

"Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants", écrivait au 12ème siècle Bernard de Chartres, se référant aux antiques; à revoir, en cette occasion, mon parcours, j'en prends une conscience encore plus avivée et ce d'autant plus que ces épaules que m'ont prêtées mes maîtres, à diverses époques, ont été à chaque fois, pour moi, l'occasion d'élargir le champ de mes perceptions et de mes interrogations, parfois même de me risquer à certaines transgressions.

La question de l'Imaginaire est encore aujourd'hui, dans le microcosme universitaire, une de ces transgressions majeures à laquelle peu ont le courage de se livrer, sauf à être dans une position qui le leur permet.

Elle cadre mal avec les catégories de la Modernité qui, le notait Balandier "semble l'avoir aboli et même en bouleverse les paysages", rappelons nous la maîtresse d'erreur et de fausseté (Descartes), la folle du logis (Pascal).

Et pourtant un marxiste positiviste aussi peu suspect de sympathie pour l'irrationnel que Régis Debray n'écrivait-il pas en 1954 dans Libération: " nos circonscriptions flottent, l'appétence à l'inscription grandit. Il y a un rapport nécessaire entre l'effacement des méridiens et la remontée des mythes d'origine".

L'un comme l'autre, observons le au passage, placent délibérément la question des rapports entre "Imaginaire et Modernité" ou entre "Mythe et Science" sur un plan spatial.

Cette question d'un cadastrage du réel, des topologies ou des topos de l'Imaginaire de la nécessité de réviser nos catégories de l'inscription sont au cœur de la problématique que nous traiterons justement parce que nous sommes dans une situation où les repères s'effacent, où les paradigmes scientifiques évoluent d'un Imaginaire aménageur instrumentaliste au profit d'une remontée en force des catégories de la Temporalité.

Entre ces deux lignes de force, la question de l'imaginaire peut-elle nous fournir un lieu d'intégration?

Pour le dire autrement, avec Herbert Marcuse, science et technoscience ayant remis en question l'idée radicale de l'Humanisme, par l'exclusion d'une autre alternative, celle du travail, n'ont elles pas contribué à fermer le social?

Et ayant dépassé la fausse conscience du Progrès et de la Modernité, notre capacité à imaginer, à mythifier et à mythologiser ne restituent -elles pas la possibilité de restaurer un autre humanisme?


Cena Etudes, Cercle d'études nouvelles d'anthropologie 31 rue Proust. 49100 Angers 06 47 51 11 74
Optimisé par Webnode
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer